En Belgique aussi, environ 850 personnes sont affectées chaque année par la tuberculose. Celle-ci touche principalement les personnes en situation de précarité, comme les personnes sans-abri ou sans domicile fixe. La maladie s’ajoute alors trop souvent à toute une série de problèmes. Victimes des terribles tabous qui entourent la tuberculose, les patients se retrouvent au ban de la société.  Moussa*, 27 ans, nous raconte comment la tuberculose l’a mis complètement sur les genoux, physiquement et psychologiquement, et comment il est finalement parvenu à surmonter cette épreuve grâce à un accompagnement approprié.

En 2018, Moussa a quitté son pays d’origine, la Guinée, et a mis le cap sur la Belgique. Il s’est lancé dans des études à l’université et s’est fait beaucoup d’amis sur le campus.  Le week-end, Moussa se défoulait en jouant au foot et écoutait de la musique. Il était aussi souvent plongé dans ses livres et ses syllabus.

Les premières années de sa vie en Belgique ont été heureuses. Mais les nuages ont commencé à s’accumuler lorsqu’il a perdu sa bourse d’étude. Retourner dans son pays d’origine était hors de question. Le jeune homme a donc introduit une demande de séjour officielle. En attendant d’être fixé sur son sort, Moussa s’est installé chez un ami. Il n’avait aucun membre de sa famille en Belgique.

Toux et fièvre

Fin 2022, Moussa a brusquement été pris d’une forte fièvre. Il s’est mis à cracher du sang et ne parvenait presque plus à manger. Il a rapidement compris que c’était sérieux, car il ne s’était jamais senti aussi faible et fatigué. Sur les conseils de sa mère, Moussa s’est rendu à l’hôpital. Il a immédiatement été isolé dans une chambre seule. Des tests sont venus confirmer ce que suspectaient les médecins : Moussa avait la tuberculose. Le jeune homme a dû rester à l’hôpital et a été mis immédiatement sous traitement antibiotique.

Quand il est sorti de l’hôpital au bout de deux semaines de traitement, Moussa n’avait nulle part où aller. Il s’est retrouvé dans un centre d’hébergement d’urgence où il partageait une chambre minuscule avec six autres hommes. Aucun d’entre eux ne parlait sa langue. Moussa était gravement malade mais n’osait pas parler de sa maladie.

Hébergement chez Vrienden van het Huizeke

Heureusement, Moussa a appris l’existence du FARES et de « Vrienden van het Huizeke ». Ces partenaires d’Action Damien apportent respectivement un soutien médical et psychosocial aux patients atteints de tuberculose en Belgique. Grâce à Action Damien, Moussa a pu être hébergé dans ce refuge médicalisé bruxellois pendant la durée de son traitement. Il a aussi reçu un petit budget pour ses dépenses hebdomadaires et un soutien pour ses démarches administratives et des questions d’ordre pratique. Mais ce que Moussa a apprécié par-dessus tout, c’est le soutien psychologique dont il a bénéficié. « Les infirmières et le personnel soignant prennent vraiment le temps de s’occuper de moi. Ils me soutiennent non seulement dans mon traitement, mais aussi dans tous les aspects du quotidien. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens bien entouré ».

Renforcer l’autonomie des personnes

Quel est le secret d’une organisation sociale à but non lucratif comme Vrienden van het Huizeke ? Andy, travailleur social chez Vrienden van het Huizeke, explique : « Nous aidons nos résidents à retrouver leur autonomie, et évitons donc de trop les materner. Nous pensons qu’il est important que les gens soient intrinsèquement motivés pour faire quelque chose de leur vie. Nous leur offrons un accompagnement approprié pour les rendre autonomes mais veillons à ne pas les déresponsabiliser non plus.

Les personnes atteintes de tuberculose sont souvent stigmatisées. Le jeune homme a donc choisi un nom d’emprunt. 

Publié le 16 avril 2024