Fin novembre, plusieurs collègues d’Action Damien se sont rendus à Paris pour assister à la Conférence mondiale sur la santé pulmonaire 2023 organisée par l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies pulmonaires. Des spécialistes de la santé pulmonaire s’y étaient donné rendez-vous pour présenter de nouvelles études scientifiques et examiner les meilleures méthodes pour traduire les résultats de la recherche en approches thérapeutiques concrètes.

La tuberculose, deuxième maladie infectieuse la plus meurtrière au monde après le Covid-19, figurait cette année en priorité de l’ordre du jour de la conférence. Nos collègues y ont présenté les résultats de notre recherche de terrain et se sont entretenus avec d’autres experts dans ce domaine. Pour progresser dans la lutte contre la tuberculose, nous devons être en mesure de mettre en pratique les résultats de la recherche.

De la recherche à la pratique

Quelques thèmes importants abordés lors de la Conférence mondiale sur la santé pulmonaire 2023 :

La malnutrition

La malnutrition est le premier facteur de risque de la tuberculose active. La majorité des médicaments antituberculeux s’absorbent mieux lorsqu’ils sont pris avec des rations alimentaires. C’est la raison pour laquelle les patients atteints de tuberculose reçoivent un supplément nutritionnel dans tous les programmes d’Action Damien.

Le diagnostic de la tuberculose

La guérison passe avant toute chose par un diagnostic correct de la maladie. La tuberculose pulmonaire est dépistée par l’examen de crachat. Cette méthode de dépistage n’est cependant pas évidente à utiliser chez certains groupes vulnérables, comme les enfants et les patients séropositifs. Aux quatre coins du monde, des experts recherchent ainsi d’autres méthodes fiables de dépistage de la tuberculose. Le dépistage à l’aide d’échantillons de selles semble aujourd’hui particulièrement prometteur. Le Dr. Souleymane Hassane Harouna, responsable principal d’Action Damien en Guinée, a présenté les résultats de sa recherche sur le dépistage par échantillons buccaux avec 3 écouvillons.

La tuberculose multirésistante

Le traitement de la tuberculose multirésistante repose sur l’administration d’un solide cocktail d’antibiotiques, qui peuvent avoir des effets secondaires graves. De grandes avancées ont été réalisées sur la durée du traitement, qui est passée de 24 mois à 9 mois en 2016 et à 6 mois maintenant. Cependant, des effets secondaires graves sont toujours possibles. Toute la difficulté consiste ici à identifier l’antibiothérapie capable de guérir les patients sans provoquer trop d’effets secondaires indésirables chez les patients. L’optimalisation de cette antibiothérapie fait l’objet d’efforts de grande envergure à l’échelle mondiale.

Au Niger, Action Damien a ainsi réussi, grâce à une stratégie de suivi individuel des patients et à un solide système de surveillance et de prise en charge des effets secondaires indésirables, à réduire ces effets secondaires à un minimum tout en augmentant les pourcentages de guérison. Elle a ainsi obtenu un taux de guérison de 83 % pour cette forme de tuberculose dans les 10 dernières années, contre un taux moyen de 63 % à l’échelle mondiale. Pendant la conférence, le Dr. Bassirou Souleymane a évoqué la question du contrôle des effets secondaires du linézolide, un antibiotique.

La tuberculose osseuse en République démocratique du Congo

Si la tuberculose touche principalement les poumons, elle peut aussi, dans 20 % des cas, affecter d’autres parties du corps. Dans la tuberculose osseuse, le bacille s’attaque aux vertèbres, ce qui a pour effet de déstabiliser la colonne vertébrale. En l’absence de traitement, la maladie peut évoluer vers une paralysie. Les cas de tuberculose osseuses sont relativement nombreux en République démocratique du Congo. Les raisons n’ont pas encore été élucidées. Pendant la conférence, le Dr. Pierre Umba a présenté les résultats de sa recherche sur la prévention et le traitement de la tuberculose osseuse dans la région de Moba, en RDC.

Publié le 4 décembre 2023