Le gouvernement fédéral négocie actuellement son budget. Alors que la Coopération belge a déjà été amputée d’un quart de son budget, certains partis de l’Arizona voudraient aller encore plus loin. Or ceux qui économisent aujourd’hui sur la solidarité mettent en péril l’avenir de notre santé, notre sécurité et notre crédibilité.

À la rue de la Loi, il est question de milliards et de pourcentages. Mais en réalité, il est question d’êtres humains, ici et ailleurs dans le monde. Lorsque les budgets consacrés à la coopération internationale diminuent, ce ne sont pas seulement des lignes budgétaires qui disparaissent. Ce sont des vaccins, des centres de santé, des écoles, des vies qui disparaissent. Investir moins dans la solidarité signifie plus de décès dus à des maladies évitables, plus d’enfants sans éducation, plus de famine, plus de personnes forcées de migrer. 

Les maladies se moquent des frontières

Cela a également un impact chez nous, car les défis mondiaux ne s’arrêtent pas aux frontières. La pandémie de coronavirus nous a appris quelque chose que nous oublions trop vite : notre santé, notre sécurité et notre prospérité sont liées à celles des autres. Un virus qui se déclare dans un pays peut se propager dans le monde entier en quelques jours. Tout comme la résistance accrue aux médicaments n’est pas isolée, c’est un phénomène que nous observons mondialement. Les systèmes de santé sous pression en RD Congo ou au Bangladesh augmentent le risque de nouvelles pandémies. Le fait que nous le ressentions dans les hôpitaux italiens ou les maisons de repos en Belgique n’est pas une fiction, c’était la dure réalité il y a quelques années.

Investir dans des soins de santé solides à l’échelle mondiale, notamment par le biais de la coopération internationale, n’est donc pas un acte de charité, mais une politique de prévention intelligente. Chaque euro que nous investissons aujourd’hui dans la prévention des pandémies nous permettra d’économiser demain des centaines d’euros en coûts.

Le manque de vision à long terme a un prix

Prenons l’exemple des États-Unis, où l’administration Trump a supprimé des milliards de dollars de coopération internationale. Le résultat ? D’ici 2030, jusqu’à 14 millions de personnes supplémentaires pourraient mourir, dont 4,5 millions d’enfants de moins de cinq ans.

Même des contraceptifs parfaitement utilisables, d’une valeur de plusieurs millions de dollars, ont été détruits. Une partie des contraceptifs était même stockée en Belgique, dans un centre logistique à Geel. Des centaines de milliers de grossesses non désirées et des milliers de décès maternels évitables risquent de s’ensuivre. Les coupes budgétaires sans boussole morale coûtent des vies, et ces pertes ne connaissent pas de frontières.

Pourtant, la Belgique risque de commettre la même erreur que les Etats-Unis en réduisant encore son engagement en matière de coopération internationale. Le gouvernement fédéral a déjà décidé d’économiser 25% sur la coopération internationale dès son entrée en fonction. Certains politiciens proposent même de la réduire à zéro. La solidarité n’est pas un produit de luxe que l’on achète uniquement lorsque les temps sont favorables. C’est un devoir moral et une nécessité stratégique pour un petit pays riche comme la Belgique.

La coopération belge au développement fonctionne

La coopération belge sauve des vies, renforce les systèmes de santé, favorise l’éducation, la démocratie et la stabilité. Elle rend les sociétés résilientes face aux conséquences du dérèglement climatique et empêche les crises de dégénérer.

Plus encore, notre pays s’est forgé une solide réputation dans de nombreux domaines. Ainsi, depuis des décennies, nos universités, ONG et organisations de santé collaborent avec des partenaires de pays du Sud dans les domaines de la recherche, de la lutte contre les maladies et des soins durables. Il ne s’agit pas de charité, mais d’un investissement stratégique commun dans la stabilité et la sécurité.

La Belgique s’était engagée à consacrer 0,7% de son revenu national brut à la coopération internationale. Aujourd’hui, nous en sommes à 0,4%. Avec les économies de 25% déjà prévues par le gouvernement, nous risquons de nous retrouver à 0,3%, soit moins de la moitié de ce que les pays riches s’étaient engagés à faire.

Un pays qui ne respecte pas ses engagements perd sa crédibilité, son influence et la confiance qu’on lui accorde. Il perd également sa boussole morale. Moins de coopération internationale ne signifie pas que le monde cessera de brûler. Cela signifie seulement que nous détournerons le regard pendant qu’il brûle.

Ceux qui font des économies aujourd’hui en paieront le prix plus tard, sous forme d’instabilité, d’insécurité et de perte de crédibilité.

Ceux qui investissent aujourd’hui construisent un avenir stable, sûr et crédible pour tous.

Signataires :

  • Pascale Barnich, Action Damien
  • Els Hertogen, 11.11.11
  • Stefaan Bonte, Médecins Sans Vacances
  • Federico Dessi, Médecins du Monde
  • Antoine Sépulchre, Handicap international
  • Erwin Telemans, Light for the World
  • Elies Van Belle, Memisa

Publié le 17 octobre 2025

A propos d’Action Damien

Action Damien est une organisation médicale non marchande belge active depuis 1964, présente dans 13 pays. Action Damien s’est donné pour mission de se mobiliser en faveur des personnes souffrant de la lèpre, la tuberculose et d’autres maladies infectieuses comme la leishmaniose. Pour y arriver, elle s’efforce d’optimiser l’accès aux soins de santé par le biais de formations du personnel local, d’activités de recherche et d’activités médicales ciblées. Elle s’emploie également à sensibiliser et à informer les populations, à faciliter la réinsertion des patients, à lutter contre la stigmatisation liée à ces maladies et à se doter de tous les moyens et ressources nécessaires pour y parvenir. 38 personnes travaillent au sein d’Action Damien en Belgique et plus de 1000 à travers le monde.

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