MISE À JOUR JUIN 2023
Après une première phase test réussie, dans un environnement contrôlé, la recherche sur les médicaments préventifs contre la lèpre aux Comores se poursuit maintenant à plus grande échelle. Des équipes feront du porte-à-porte auprès des habitants qui ont été en contact étroit avec un patient atteint de la lèpre. Ces groupes à haut risque se verront proposer une combinaison de rifampicine et de bédaquiline. Au total, quelque 124 000 habitants seront approchés dans ce contexte. Compte tenu de la longue période d’incubation de la maladie, les résultats définitifs seront connus en 2026.

Action Damien, l’Institut de Médecine Tropicale (IMT) à Anvers et Janssen Pharmaceutica mènent de concert l’étude clinique BE-PEOPLE aux Comores. Cette étude entend tester l’association de deux médicaments à des fins de traitement préventif contre la lèpre. Ils espèrent tous trois réaliser une avancée majeure dans la lutte contre cette maladie infectieuse bactérienne qui touche encore plus de 210.000 personnes par an à travers le monde.

L’île d’Anjouan, dans les Comores, un archipel de l’océan Indien, enregistre une incidence annuelle de cas de lèpre de 7,4 pour 10 000 habitants, soit 24 fois plus que la moyenne mondiale. Depuis 2018, le personnel médical d’Action Damien et de l’ITM y mènent une recherche dans le but de trouver un traitement préventif contre la maladie. Dans le cadre du suivi de l’étude PEOPLE, toujours en cours, une dose unique de rifampicine est administrée aux personnes ayant été en contact rapproché avec un patient souffrant de la lèpre. Ce médicament devrait les protéger à vie contre la lèpre et donc empêcher toute contamination future. Malgré les grands espoirs fondés par l’OMS, les résultats préliminaires ne correspondent pas aux attentes.

Les résultats définitifs de l’étude BE-PEOPLE ne seront connus qu’en 2023, et les chercheurs poursuivent dès lors leurs travaux afin de trouver un traitement plus efficace. De ce fait, les personnes à risque reçoivent désormais un traitement qui associe la rifampicine et la bédaquiline. « Nous espérons avant tout une forte diminution du nombre de nouveaux cas de lèpre parmi les personnes qui ont reçu la PEP renforcée à la bédaquiline. Si la nouvelle formule PEP montre son efficacité aux Comores, celle-ci pourrait devenir la clé de l’éradication de la lèpre dans d’autres pays de forte endémie. », explique le  Professeur Epco Hasker, chef de l’Unité des Maladies mycobactériennes et des Maladies tropicales négligées de l’IMT.

« A Anjouan, la lèpre est perçue comme faisant partie intégrante de la vie quotidienne, étant donné son omniprésence. Et les enfants y représentent un tiers des personnes touchées. Avec cette étude, nous espérons pouvoir les protéger et faire en sorte qu’ils ne développent jamais la maladie », indique le Docteur Nimer Ortuño-Gutiérrez, coordinateur de recherche chez Action Damien.

Le communiqué de presse de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers est disponible dans son intégralité sur leur site internet.

Explication des termes médicaux

PEOPLE: Post ExpOsure Prophylaxis for LEprosy

PEP: Post-Exposure Prophylaxis – traitement préventif qui est administré à une personne ayant été potentiellement exposée à un agent pathogène, afin d’éviter que l’infection ne se déclare et ne se propage.

Rifampicine: médicament préventif contre la lèpre, administré aux personnes présentant un haut risque de contamination. 

Bédaquiline: médicament utilisé dans le traitement de la tuberculose multirésistante. Les bacilles responsables de la lèpre et de la tuberculose étant très similaires, la bédaquiline peut également être utilisée avec succès pour combattre la lèpre. 

Publié le 19 août 2022